sacré Umberto !

umberto-ecoCet homme n’a pas fini de nous surprendre ni de nous régaler. Souvent présenté comme linguiste, sémiologue, philosophe, essayiste, journaliste voire écrivain, c’est surtout un homme ‘universel’ passionné par tout, capable de disserter sur la ‘liste‘ ou de nous embarquer dans les méandres du temps (l’île du jour d’avant).

Je ne peux résister au plaisir de vous faire lire ici une phrase d’ une longueur impressionnante à la limite du supportable, et qui montre quelques facettes de son talent !! (de la littérature, éditions Grasset) :

Et en parlant de Borges à qui a-t-il emprunté l’idée de l’Aleph, ce point fatal d’où l’on voit la mer populeuse, l’aube et le soir, les multitudes d’Amérique, une toile d’araignée argentée au centre d’une noire pyramide, un labyrinthe brisé qui était Londres, une arrière-cour de la rue Soler avec le même carrelage que celui vu trente ans plus tôt dans le vestibule d’une maison de la rue Fray Bentos, des grappes de raisin, de la neige, du tabac, des filons de métal, de la vapeur d’eau, des déserts équatoriaux convexes, et à Inverness une femme inoubliable, et dans une villa d’Adrogué un exemplaire de la première version de Pline, et en même temps, chaque lettre de chaque page, un crépuscule à Querétaro qui semble refléter la couleur d’une rose à Bengale, un globe terrestre placé entre deux miroirs qui le multiplient à l’infini dans un cabinet d’Alkmaar, une plage de la mer Caspienne à l’aube, un jeu de cartes espagnol dans une vitrine de Mirzapur, des pistons, des bisons, des tempête en mer, toutes les fourmis qui existent sur la terre, un astrolabe persan, et les restes atroces de ce qui avait été délicieusement Béatriz Viterbo ?